Un peu partout dans le monde, des citoyens sans histoire deviennent fous et assassinent leurs semblables prenant ces derniers pour des créatures démoniaques. Derrière cette hallucination collective, la Ligue des Justiciers soupçonne une origine surnaturelle. Seul Batman demeure sceptique. C'est alors que Deadman, le trapéziste fantôme, conduit le Dark Knight à se tourner vers la magicienne Zatanna pour retrouver John Constantine, le sulfureux et cynique détective de l'occulte, afin qu'il puisse l'aider dans son enquête. Quelques jours plus tôt avant cette vague d'assassinats, celui-ci jouait une partie de poker avec des démons et en compagnie de Jason Blood, ancien chevalier de Camelot maudit par Merlin. L'enjeu de cette partie ? La pierre de rêve...
-Bubu-
Critiques
Il n’y a pas que Superman ou Batman dans l’écurie DC ! Les projecteurs se braquent sur des héros moins connus avec en tête l’anglais John Constantine issu du comic book Hellblazer (adapté dans le long métrage City of Demons). Autour de lui c’est aussi l’occasion de voir en action Zatanna, Deadman, le démon Etrigan ou encore Swamp Thing (aka La créature du Marais). Batman, personnage dénué de pouvoirs occultes, est quand même dans les parages pour servir de transition et aussi de repère pour le grand public. Cela dit, s'il a droit à quelques scènes d'humour et d'action, sa présence est dispensable servant juste à lancer l'intrigue, à justifier le fanservice et ironiquement à doper les ventes du film commercialement parlant. Mais devant la qualité du produit, on leur pardonne aisément.
Un poil brouillon et inégal, les origin stories de Deadman, de Swamp Thing (qui fait un passage éclair) et d'Etrigan sont un peu amenées à la truelle.
Le comics Justice League Dark (dont est inspiré le long métrage, cf NDLR) s'étale sur six numéros d'où l'aspect quelque peu fourre-tout du film comme si les auteurs voulaient en mettre le plus possible et que le format ne le tolérait pas. Heureusement les retournements de situations et les trahisons sont bien amenés, la dynamique du trio Constantine - Zatanna (qui fait office de conscience morale de l'équipe) - Etrigan est particulièrement efficace.
Le trapéziste sert, quant à lui, un peu trop de faire-valoir comique aux autres personnages. Néanmoins, l'écriture parvient à trouver un équilibre assez juste entre le sérieux, l'humour (notamment dans les réactions de Batman face à des pouvoirs qui le dépassent) et la tragédie (l'errance séculaire de Blood pour être délivré de la malédiction d'Etrigan).
N'ayant pas la langue dans sa poche, Constantine est le trublion de l'équipe et le véritable personnage principal du film. D'un langage absolument pas châtié, cynique, désabusé, manipulateur, méprisant, c'est l'anti-héros calculateur et égoïste par excellence qui n'hésite pas à gruger pour arriver à ses fins et se retrouve à aider les autres malgré lui.
Il apparaît pour la première fois dans le comics Swamp Thing de la gamme Vertigo de DC Comics, un label adulte faisant intervenir des récits plus crus et violents. La violence est présente (surtout dans les dix premières minutes) et d'un niveau beaucoup plus élevé que dans les autres films DC (elle reste tout de même en deçà de celle du long métrage consacré au héros). Cela dit, elle perd de sa noirceur sitôt que le long métrage retombe sur le classique travers super-héroïque, les héros devant s'unir contre un bad guy surpuissant et une Ligue des Justiciers (qu'on voit un peu au début et à la fin) envoûtée par celui-ci.
L'histoire du long métrage est un peu plus mature que dans les précédents opus de la collection mais n'en demeure pas plus profonde. Le film se démarque surtout des autres volets par sa richesse visuelle et, notamment, lors des affrontements magiques, véritable émerveillement pour les pupilles. L’animation old school, ou presque, offre des effets visuels épiques, que seuls d'ordinaires peuvent réussir les grands studios d'animation japonaise. A la réalisation, c'est l'immense Jay Oliva (Batman : Assaut sur Arkham, La Ligue des Justiciers - Le paradoxe Flashpoint) qui relève grandement le niveau de l'animation comparé aux derniers films DC.
Inégal et sans être exceptionnel, ce Justice League Dark a le mérite de trancher avec les autres volets de la continuité New 52 de par son ambiance fantasmagorique, son animation, son culot (le script ose à aller un peu plus loin que la norme, en tuant allègrement des personnages qu'ils soient des figurants ou de premier rang). Il met au premier plan, pour la première fois dans un dessin animé, l'un des meilleurs anti-héros de DC en la personne de John Constantine. Étouffé quelque peu par ses pairs dans ce volet, le personnage prendra toute son épaisseur dans la "suite" qui lui est consacrée.
Note : 6,5/10
-Bubu-
Note de la rédaction
• Reprenant un ancien scénario d'un projet de film en prise de vues réelles estampillé "Dark Universe", ce long métrage met en scène la Justice League Dark (« Ligue de Justice des Ténèbres » en version française), apparue dans le comics éponyme de 2011, créé par Peter Milligan & Mikel Janin, labellisé New 52 (opération éditoriale visant à relancer Détective Comics). Il s'agit d'une équipe de héros spécialistes du surnaturel (composée de John Constantine, Madame Xanadu, Deadman, Shade, The Changing Man et Zatanna), en charge de contrer les menaces occultes, magiques, et empêcher les démons et les anges d’utiliser notre terre comme champ de bataille.
Bande annonce
• Matt Ryan, qui prête sa voix à Constantine, a interprété le personnage dans la série éphémère de même nom. il reprendra son rôle de Constantine dans l'Arrowverse puis rejoindra l'équipe des légendes dans Legends of Tomorrow.
• La fin d'un des vilains est un clin d'œil à l'antagoniste Carl, emporté par des créatures ténébreuses, du film Ghost de 1990.
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- Chronologies de DC Universe Animated Original Movies -
(Collection d'OAV destinées à un public adolescent et adulte)