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Georges Lucas et le Japon, un Amour Mutuel - épisode 1
Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine...

George Lucas et le Japon, un amour mutuel

Épisode I : Aux origines de Star Wars, un duo mythique




Bunjiga, une forme très spécifique de peintures japonaises dépeignant des samouraïs, réalisée par un grand maître en la matière, Masayuki Kojo, en hommage à la saga après la sortie de Rogue One en 2016.

Depuis son premier film de 1977 sobrement intitulé « La Guerre des Étoiles » (rebaptisé "Un nouvel Espoir" en 2000), Star Wars est devenue une véritable industrie du cinéma et de la pop culture. Qu'ils s'agissent de films, de séries, de livres ou encore de bandes dessinées, nombreux sont les auteurs qui ont tourné la tête du côté de George Lucas et sa bande pour y trouver un peu d'inspiration. Des évènements, des personnages, des univers font parfois référence à ceux de l'emblématique saga. En visionnant une œuvre, vous avez déjà été pris d'une sensation de déjà-vu aussi bien côté américain (Alien, Deathstalker, Battlestar Galactica, Serenity, etc.) que nippon :

Akira (de l'aveu même de l'auteur, le manga présente un monde apocalyptique dans lequel un héros va devoir choisir entre utiliser ses pouvoirs de façon réfléchie ou laisser place à la haine)

My hero Academia : le némésis d'All Might, All For One, est clairement inspiré de l'emblématique Dark Vador de par son casque noir, couvrant son visage rempli de cicatrices suite à sa confrontation avec le héros, et relié à un système d'assistance vitale chaque fois qu'il quitte son repaire secret.
De même Grand Torino, le petit super-héros vieillissant sautant dans tous les sens, partage quelques traits de personnalité avec ceux du Grand Maître Jedi, Yoda)

Saint Seiya (Ikki du Phénix, Kanon des Gémeaux, Shura du Capricorne, chacun d'eux est une allégorie de la tragédie d'Anakin Skywalker soit des chevaliers de justice qui ont basculé dans le Mal puis revenus brièvement du côté du Bien grâce à leur famille (ici leurs frères d'armes) qui leur ont ouvert les yeux. Petite boutade pour les plus observateurs, le design du vieux maître Dohko (et non la personnalité) paraît de toute évidence calqué sur celui de Yoda.




La simplicité de ce brassage culturel n'est pas fortuite. George Lucas ne s’en est d’ailleurs jamais caché et l’a déjà confirmé de nombreuses fois : la culture japonaise et surtout le film « La Forteresse Cachée » d’Akira Kurosawa l’ont aidé dans la réalisation de Star Wars tant au niveau du design, des personnages que de l'intrigue.



On retrouve dans leurs deux cinémas la figure de la princesse au caractère bien trempé, les personnages secondaires chargés de la dimension humoristique (de simples paysans chez Kurosawa, les droïdes R2-D2 et C-3PO chez Lucas), un antagoniste prenant souvent la forme d’un empire ou d’un ordre social autoritaire, des voyages initiatiques et plusieurs figures paternelles pour guider les héros dans leur quête : Qui-Gon Jinn pour Anakin, Obi-Wan pour Luke, Luke pour Rey (encore dans son cas, c'est davantage la figure maternelle (Leia) qui est mise en avant). En outre, le mentor ne peut pas accompagner le héros dans son parcours. il doit disparaître pour que le héros et/ou l'héroïne puisse suivre seul(e) sa voie.





Par ailleurs dans la suite L'Empire contre-attaque (1983), le joyau de la saga, l'influence du cinéaste japonais Akira Kurosawa sur George Lucas est particulièrement perceptible. Le caractère et la gestuelle du personnage de Yoda semblent directement inspirés de Dersou, le héros éponyme de Dersou Ouzala (1975).
De plus, une scène de ce film est reprise, celle où, pour protéger Luke du froid de la planète Hoth, Han Solo, comme l'ami de Dersou, invente un abri temporaire. A la moitié de l'intrigue, la scène de la grotte sur la planète Dagobah semble quant à elle être inspirée du film L'Ange ivre (1948) du même réalisateur dans lequel le héros fait, comme Luke, une rencontre onirique avec son double maléfique.



De son propre aveu, George Lucas a envisagé confier le rôle d'Obi-Wan Kenobi à Toshirô Mifune (1920 - 1997), l'acteur fétiche de Akira Kurosawa; face à son refus, le réalisateur avait même tenté de le convaincre en lui proposant d'incarner Dark Vador mais - peu convaincu par le contenu du scénario - la star japonaise lui avait exprimé en retour un "non" ferme et définitif. En 2013, Mika Mifune, la fille du comédien, révélait dans une émission que s'il avait accepté le rôle, Mifune serait apparu à visage découvert, laissant ainsi présager un Dark Vador complètement différent de celui que nous connaissons aujourd'hui.

Des références donc parfaitement assumées par le cinéaste californien qui lui renverra l'ascenseur en finançant, aux côtés de Francis Ford Coppola , en 1980 le long métrage de son confrère japonais, Kagemusha, l'Ombre du Guerrier (1980) qui recevra la Palme d'or du Festival de Cannes la même année. Une super production à laquelle Georges Lucas rendra hommage dans sa prélogie une vingtaine d'années plus tard.



Dans Star Wars : La Menace Fantôme (1999), la reine Padmé Amidala, jouée par Natalie Portman, a recours à des doublures afin de pouvoir mener incognito des missions de reconnaissance, notamment sur la planète Tatooine où elle fait la rencontre du jeune Anakin Skywalker. Ce subterfuge lui permet de surcroît de renforcer son dispositif de sécurité, ses suivantes (interprétées notamment par Keira Knightley et Sofia Coppola) jouant le rôle de cibles publiques puisque l’apparence de la jeune souveraine sans son maquillage et ses apparats n'est pas connue de ses ennemis.

Ce procédé rappelle bien évidemment celui de Kagemusha ; dans le folklore japonais, le « kagemusha » était le nom donné à un sosie officiel chargé d’assurer le remplacement d’un monarque. Dans le long-métrage de Kurosawa, il s'agit d'un simple voleur que l’on propulse doublure du daimyo Takeda Shingen, afin de repousser la nouvelle de sa mort et éviter ainsi que son clan n’apparaisse comme affaibli dans la guerre qui l'oppose à ses rivaux.



Toujours dans la prélogie Star Wars, George Lucas mettra de nouveau à l'honneur le film Kagemusha par le biais d'un épisode de la quatrième saison de sa série animée The Clone Wars intitulé "Le guerrier de l'ombre" (la traduction littérale du terme kagemusha). Dans cet épisode, le spectateur suit Jar Jar Binks chargé de négocier avec le général Grievous après que le Boss Gungan ait été la victime d'un sournois attentat.



D'emprunts au cinéma de Kurosawa, comme vous avez pu peut être remarquer, Star Wars a été aussi particulièrement marqué par le théâtre Kabuki. Ce théâtre met très souvent en scène des acteurs maquillés entièrement et vêtus de longues tenues traditionnelles amples et colorées. Ainsi, les diverses apparences de la Reine Padmé Amidala dans l'épisode I : la Menace fantôme sont un renvoi direct aux costumes et maquillages du théâtre kabuki.

Parallèle pittoresque
: Peu avant la sortie du neuvième épisode de la saga, L'Ascension de Skywalker (2019), la dernière trilogie de Star Wars a été revisitée en pièce de kabuki et mise en scène par Ichikawa Ebizô, l'un des plus grands noms de cet art nippon. Cette représentation exceptionnelle en trois actes a repris plusieurs passages emblématiques (la mort de Han Solo, la discussion entre Holdo et Leia, la confrontation avec Snoke, la bataille de Crait puis le duel contre Luke) de Star Wars : Le Réveil de la Force (2015) ainsi que de Star Wars : Les Derniers Jedi (2017).

Non content de réaliser la pièce, mélangeant acteurs et illustrations animées du plus bel effet, avec lasers sur scène et bruitages, Ebizô Ichikawa a incarné "Kairennosuke" (adaptation de Kairo Ren / Kylo Ren dans les règles Kabuki), principal antagoniste de ce troisième segment.
Le Kabuki étant très traditionnel, ce dernier occupait une place proéminente, Rey l'héroïne (symbole du message féministe de cette postlogie) alors reléguée à de la pure figuration.





Fait étonnant, 40 ans après la sortie d'Un Nouvel Espoir, onze films; une série télévisée The Manadolarian (trois autres en préparation pour 2022 : Andor, Obi-Wan Kenobi; The Book of Boba Fett) et un rachat de Disney, l'écho nippon dans Star Wars continue de résonner dans chacun des opus qui composent la saga et, ce, même lorsque George Lucas n'est plus aux commandes. À commencer par le spin-off Rogue One, réalisé par Gareth Edwards et dont l'histoire se déroule en marge des trilogies principales (précédant tout juste les événements de Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir).

Pur film de guerre, "Rogue One" - ses familles dévastées, ses héros sacrificiels - macère dans une implacable et inaccoutumée noirceur et renvoie, par son sens de l'hécatombe, à des classiques du genre comme les Douze salopards ou le chef-d'œuvre de Kurosawa : Les Sept Samouraïs.



De plus, deux des personnages, Chirrut Imwe et Baze Malbus, semblent tout droit sortis d'un dessin animé japonais - et bien que campés respectivement par deux acteurs hongkongais et chinois, le second, joué par Jiang Wen, rend directement hommage au comédien phare de Akira Kurosawa : Toshiro Mifune évoqué plus haut.

Rogue One expliqué : La Force de Kurosawa dans Star Wars

Attention la vidéo est en anglais ! (pensez à cliquer pour avoir les sous-titres)



Dans la même verve, lors de la promotion des Derniers Jedi, le réalisateur Rian Johnson révélait s’être grandement inspiré de maître japonais, Akira Kurosawa bien entendu, mais également de Hideo Gosha dont le film Trois Samourais hors-la-loi (1964). Ce long-métrage a eu une incidence directe sur les chorégraphies des combats au sabre-laser.



Enfin dans l'épisode IX : L’Ascension de Skywalker, nous pouvons voir le méchant Kylo Ren arborant fièrement son nouveau casque (brisé dans le chapitre précédent). Les fissures du casque ont laissé place à un liquide rouge intense. Le processus utilisé dans la réparation du casque est en réalité, selon le réalisateur J.J. Abrams, lié à l'art du « Kintsugi » : une méthode traditionnelle utilisée pour réparer les bols en céramique à l’aide d’une poudre dorée pour rendre à l’objet son aspect esthétique mais aussi symboliser sa vie passée en célébrant sa "renaissance".



Pour terminer, les Chevaliers de Ren, apparaissant dans cet ultime volet, les soldats d'élite à la botte de Kylo Ren, portant des armures aux origines hétéroclites, sont une référence directe aux Sept Samouraï.
Récemment, l’épisode 4 de The Mandalorian faisait lui aussi référence au chef-d’œuvre de Kurosawa, en réadaptant une fois de plus cette histoire de villageois en proie à des pillards, et que des chasseurs de primes vont secourir.


(Les Chevalier de Ren, carton : L'ascension de Skywalker)




Fabuleux, le cinéma de Akira Kurosawa n’a pas fini de résonner dans une culture populaire en manque d’inspiration pour accoucher de nouveaux grands héros, de nouveaux grands récits initiatiques. Des mythes qui n’ont jamais été aussi puissants que dans ce cinéma du soleil levant que George Lucas a su, quoi qu’on dise, admirablement et intelligemment se réapproprier en le mêlant à d'autres sources d'inspiration : le péplum, le western (Solo), le film d'espionnage, le cycle arthurien, Valérian (notamment pour le design du "Faucon Millénium"), Dune, Le Héros aux mille et un visages (1949) de Joseph Campbell (le réalisateur reprenant d'ailleurs plusieurs éléments clés du concept du voyage du héros) ou encore les aventures de Flash Gordon : personnage fétiche de George Lucas, largement biberonné à la Pulp Culture dont il rêvait d'adapter les aventures sur grand écran, après l'échec de son premier film THX 1138. Pour l'anecdote, il s'était même proposé pour la réalisation. En vain, les droits avaient été auparavant achetés par Alain Resnais qui ironiquement abandonnera le projet !

Le cinéma de George Lucas est une véritable lettre d'amour au 7e art nippon qui, en retour en 2021, offrira le plus beau des remerciements avec le tout premier anime inspiré du space opera : Star Wars Visions.



Le 24-07-2021 à 10:39:57 par : Bubu (Rédaction), Matchoss (Correction)

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