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Tōkyō Anime Fair menacé |
Au Japon, selon le site Asahi.com , le magazine de mangas Weekly Shōnen Sunday (Ranma ½, Patlabor, Major, Touch) prépublie Chiisai hito: Aoba jido-sodanjo monogatari (« petite personne : l'histoire du centre de consultation pour enfants d'Aoba »). On y découvre les aventures d'un travailleur social qui suit des enfants maltraités. Les deux coauteurs du manga s'inspirent des idées d'un journaliste de 52 ans, Junichi Komiya, qui a couvert ce type d'affaires durant plus de vingt ans et qui a dirigé une association spécialisée dans la protection des enfants. Les premiers contacts avaient été pris, il y six ans, pour un projet avorté destiné à un magazine plus mature du groupe Shōgakukan. La présente bande dessinée, dans laquelle les problèmes trouvent le plus souvent une solution, est destinée aux adolescents, qui sont aussi de futurs parents. Le premier épisode a été publié le 2 novembre dernier en même temps qu'une campagne du gouvernement contre l'enfance maltraitée.
Shōgakukan est l'un des dix éditeurs de mangas (avec entre autres Kadokawa, Kōdansha et Shueisha) qui ont décidé de boycotter l'année prochaine le Tōkyō International Anime Fair 2011, comme annoncé dans cet article d'Asahi.com. Organisé annuellement depuis 2002, c'est l'un des plus grands salons au monde dans le domaine de l'animation, et il se tiendra du 24 au 27 mars. Ils désirent ainsi protester contre le vote du 15 décembre dernier par l'assemblée du gouvernement de Tōkyō (qui préside le comité d'organisation du Tōkyō Anime Fair dont Kadokawa est membre) d'une loi nommée Bill 156. Soutenue par la plupart des partis politiques représentés, elle est destinée à empêcher les moins de 18 ans d'avoir entre leurs mains des produits contenant des représentations fictives de crimes sexuels (incestes, viols...). L'industrie du manga, de l'animé et du jeu vidéo devra s'autoréguler, et la vente aux mineurs de ces articles sera interdite. Selon le Mainichi Daily News , une première version de la loi, revue depuis, interdisait à tout citoyen de posséder tout contenu pédopornographique. Il y a quelques mois déjà, Karore vous avait informés dans cette news d'une proposition de modification d'un texte de loi à ce sujet, par la municipalité de Tōkyō. Le boycott du Tōkyō Anime Fair 2011, qui pourrait profiter aux producteurs d'animation chinois déjà très présents en 2010, inquiète même le Premier ministre Naoto Kan qui a écrit à ce sujet sur son blog.
Les statistiques communiquées par la Police nationale japonaise, qui recensent depuis 2000 les affaires de mineurs maltraités, montrent qu'un nouveau record sera atteint cette année, à en croire les chiffres publiés entre autres par le Daily Yomiuri Online . Plusieurs victimes de ces affaires sont mortes. Dans une interview accordée à la NHK, le 28 juillet dernier, Takashi Kageyama, responsable de l'assistance aux enfants auprès du gouvernement de Tōkyō, parle de 3 339 cas (maltraitance physique, négligence, abus psychologique ou abus sexuel) recensés par ses services en 2009, soit 100 de plus que l'année précédente. Selon lui, deux des raisons de cette augmentation sont : un intérêt croissant de la société à ce sujet, et une multiplication du nombre de lieux où ces cas peuvent être signalés. Le Japan Times Online fait également un rapprochement entre la désillusion d'otaku qui ont appris que la doubleuse de l'héroïne de La Mélancolie de Haruhi Suzumiya avait une vie sexuelle et une affaire rapportée par le magazine japonais Spa!. Celui-ci racontait l'histoire d'une mère célibataire de 26 ans travaillant dans l'industrie du sexe, qui a laissé un homme prendre des photos de sa fille de 2 ans, nue, contre de l'argent.
En tout cas, cette loi est critiquée par l'Asahi Shinbun, dans son éditorial , du 3 décembre et par Roland Kelts dans le Daily Yomiuri Online . On peut le voir dans l'animé Ore no imōto ga konna ni kawaii wake ga nai où Kirino, 14 ans, fille de policier (source ), collectionne des produits douteux et se rend au Comiket , à TōKyō. Cette convention biannuelle, la plus importante concernant le manga, présente de nombreuses parodies (pornographiques, érotiques, comiques…) de mangas célèbres, à en croire la visite effectuée par Étienne Barral en 2000. Certains mangakas célèbres continuent de participer à cet événement, comme le collectif Clamp , Ken Akamatsu ou Tōru Fujisawa (Wikipédia). Ils le font pour des raisons financières ou pour la liberté artistique. Ce rassemblement a été créé en 1975 par des étudiants de l'université Meiji. Il expose depuis 2009 la collection de mangas et de (dōjinshi ) de l'un d'eux, Yoshihiro Yonezawa , mort en 2006. En mai dernier, Yukari Fujimoto, professeur agrégé de cette université et opposé à cette loi, a accordé une interview au Japan Times Online . Elle y affirme que l'augmentation des produits à caractère sexuel, ces quarante dernières années, coïncide avec une diminution du nombre de viols d'écolières. Réputée « un peu anticonformiste et sans aucun raffinement », l'université Meiji ainsi que l'université Waseda possèdent les deux plus grands clubs universitaires de manga, selon le témoignage du dessinateur Jun Ishikawa , qui a lui-même débuté dans des magazines pornographiques. Privées et choisies avec onze autres sites pour représenter l'enseignement japonais à l'étranger, ces universités attirent des étudiants provinciaux ou d'origine modeste, plus pauvres que la moyenne. En 2007, les ménages contribuaient, à hauteur de 51,1 %, au budget de l'éducation supérieure. Takeshi Kitano , le présentateur du jeu Takeshi's Castle , y a fait ses études, et son frère y est devenu professeur. C'est aussi le cas de Yu Aida, le mangaka de Gunslinger Girl (source ), dont la première adaptation animée reçut un budget cinq fois supérieur à la moyenne . Il a aussi créé des dōjinshi déconseillés aux moins de 18 ans mettant en scène des enfants. Dans son manga professionnel, des jeunes filles que le destin a privées d'avenir se voient dotées du meilleur corps mécanique possible par un institut d'aide sociale afin de servir la nation italienne, un peu comme les étudiants de Meiji dont les parents ne peuvent pas financer les études. On peut y voir des tableaux de Botticelli , un peintre qui porta lui-même certains de ses nus féminins au bucher durant la dictature théocratique à Florence.
Sources : Wikipédia , Asahi.com , Kyodo News , Aujourd'hui le Japon , The Japan Times Online , The Mainichi Daily News , NHK World (service francophone), CERI .
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mardi 28 décembre 2010 @ 21:50:57 par vb2n |
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