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Trois bonnes raisons de regarder Baccano!
 
 



Baccano! Même si vous n'avez jamais vu la série, ce nom vous dit peut-être quelque chose. Avec un petit peu de chance, vous savez également que cet animé possède une réputation étrange, doté d'un format assez court mais avec plus d'une dizaine de protagonistes. Vous avez peut-être également entendu parler d'une histoire complexe enchaînant les époques et les destins à une vitesse folle. Si vous savez déjà tout cela, vous pensez sûrement que le pari est osé et qu'il serait surprenant que des japonais, grands spécialistes du contemplatif, arrivent à égaler des cinéastes comme Tarantino ou Guy Ritchie à ses débuts. Pourtant, les critiques sont presque unanimes sur le sujet : Baccano! est une réussite, une série unique en son genre et considérée par beaucoup comme un incontournable de l'animation japonaise.

En tant que passionné d'animation japonaise, il est de mon devoir d'inciter tous ceux qui ont manqué ce titre à le regarder dans les plus brefs délais. Étant donné les nombreuses qualités de Baccano!, je vais être obligé de sélectionner.
Suivez-moi, je vais avoir l'honneur de vous présenter trois bonnes raisons de regarder Baccano!


On commence par le scénario :



Comme je l'ai déjà dit plus haut, Baccano! possède un grand nombre de protagonistes et comporte plusieurs intrigues, le tout dans un format réduit de treize épisodes. Pour un tel projet, il faut bien évidemment un scénario solide, et celui qui nous intéresse aujourd'hui est bien plus que ça, il est intelligent. Avant toute chose, je vais essayer de vous expliquer le synopsis de la série, même si la tâche est assez difficile. En effet, la série traite trois intrigues principales et plusieurs intrigues annexes, toutes liées entre elles par des personnages fréquentant de près ou de loin le milieu du grand banditisme. La plupart des axes scénaristiques présentés se déroulent dans le New York de la prohibition mais l'arc "central" se concentre sur un massacre perpétré dans un train en marche. La première originalité de Baccano! est son choix de narration. Au lieu de consacrer une suite d'épisodes à chaque axe, les créateurs de la série ont fait le choix d'enchaîner les intrigues, de les mélanger, ne restant jamais plus de cinq minutes sur un même personnage. Avec un tel parti pris, le danger permanent est de perdre le spectateur dans un flot d'informations bien trop important. Mais les créateurs de Baccano! ont parfaitement su gérer ce problème. La première astuce qu'ils utilisent est le générique de début. Avec son thème jazzy entraînant, il fait à chaque fois office de pense-bête en nous présentant les personnages les uns après les autres dans un style qui rappelle l'ouverture du film Snatch. En plus de cela, la mélodie s'interrompt en plein milieu pour laisser place à une sorte d'improvisation musicale agrémentée de courts passages pris sur les épisodes précédents. Cet opening (générique d'ouverture), fort apprécié des fans de la série, constitue une excellente idée scénaristique qui vise à faciliter la compréhension du spectateur.


La deuxième astuce choisie par les auteurs réside en l'utilisation abondante d'intertitres (textes filmés également appelés cartons) qui servent à bien situer chronologiquement chaque nouvelle scène. Une telle idée aurait pu être gâchée par une mise en place bancale mais c'est très loin d'être le cas ici. Takahiro Ômori et ses collaborateurs ont su utiliser une contrainte scénaristique (c'est à dire la nécessité de raviver en permanence la mémoire du spectateur) pour augmenter la tension. Les coupures entre les scènes sont toujours amenées au moment où le suspense est à son paroxysme et les intertitres, posés sur un carton d'un noir parfait, sont accompagnés par des effets sonores qui maintiennent la tension du spectateur au plus haut. En résumé, Baccano! c'est ça : beaucoup de contraintes qui impliquent une pléiade d'astuces narratives tellement bien maquillées par le scénario et la mise en scène qu'elles finissent par faire partie intégrante de l'intrigue. Et sur ce point on sent bien la maîtrise. Mais cela ne s'arrête pas là. Le premier épisode réussit à nous présenter la quasi-totalité des personnages en les imprimant une bonne fois pour toute dans l'esprit du spectateur. On se retrouve ainsi devant Luck Gandor, un personnage important de l'intrigue, qui se fait cribler de balles à sa première apparition. Autre exemple, Firo, l'une des grandes stars de Baccano! se fait quant à lui découper plusieurs doigts dans le premier épisode, avant de les récupérer comme par magie. Grâce à cela, à chaque fois que l'on découvre un nouveau protagoniste, on en  garde une forte impression qui nous permet de tous les identifier facilement au fur et à mesure du visionnage.



Mais la meilleure astuce narrative de Baccano! est de répéter plusieurs fois les mêmes scènes. Dit comme ça, ça n'a pas l'air terrible je vous l'accorde. Mais là où ça devient intéressant, c'est que chacune de ces scènes sont montrées avec des points de vue différents. On assiste ainsi plusieurs fois aux mêmes événements mais par le biais de personnages différents qui n'ont bien évidemment pas le même ressenti de la situation. Sur ce point, l'une des scènes les plus représentatives est celle du meurtre d'un chauffeur de train. Je ne vais pas trop développer cette scène ici pour ne pas faire de spoil à qui que ce soit, mais elle me semble illustrer parfaitement ce que j'essaie de démontrer. On revit en effet deux fois ce passage à plusieurs épisodes d'intervalle et cela a deux effets distincts. Le premier est bien évidemment de rappeler les événements à notre bon souvenir. Le deuxième est de nous apporter des éléments supplémentaires qui nous permettront plus tard de comprendre ce qu'il a bien pu se passer dans ce train. Ces types d'exemples se retrouvent tout au long du visionnage et ils nous permettent de toujours garder le fil de l'intrigue sans jamais avoir une impression que de répétition. En résumé, le scénario de Baccano!, c'est un miracle.


À la lecture de ce petit exposé, vous vous dites peut-être que tout cela, c'est bien beau mais que le scénario ne fait pas tout. Une bonne série a en effet besoin d'un corps, d'une chair pour lui donner véritablement vie. Rassurez-vous chers lecteurs, Baccano! est bien doté d'une âme, et cette âme possède deux atouts majeurs, le premier étant...




La violence bien sûr !



Alors entendons-nous bien : la présence de violence n'est évidemment pas toujours un gage de qualité. Il faut en effet que les scènes de types gores et sanglantes soient à la fois justifiées et bien réalisées pour que la violence ait à la fois du sens et de l'impact. Vous l'aurez certainement compris, Baccano! fait partie de ces œuvres qui parviennent parfaitement à réunir ces deux conditions. Dans cette série, la violence a une vraie raison d'être et permet bien souvent de renforcer le sentiment d'immersion du spectateur. Dans le premier épisode, nous assistons à une scène de torture dont une partie est présentée du point de vue de la victime. Il s'agit avant tout d'une torture psychologique ayant pour but de faire parler un prisonnier. Nous nous retrouvons alors dans la peau de ce dernier et la vue du sang, des corps sans vie et des instruments contondants nous rendent l’efficacité du procédé plus qu'évidente. Ce sentiment d'immersion est renforcé par la musique de Makoto Yoshimori qui donne une réelle intensité aux scènes réalisées par Ômori.


Toutefois les raisons de cette utilisation intensive de la violence peuvent parfois être plus complexes. En visionnant la série, on se rend vite compte que les scènes sensibles sont surtout apportées par deux personnages, le mystérieux Rail Tracer et Ladd Russo. Ce personnage justement, a droit à une présentation assez particulière. Sa première apparition à l'écran consiste à abattre un enfant de plusieurs balles dans la tête. Quelques minutes plus tard, nous le retrouvons affichant un sourire dément et agitant son bras gauche déchiqueté. Grâce à cette violence apparemment gratuite, on sait dès le premier épisode que Ladd est un fou sanguinaire, dénué de pitié et capable de commettre des actes d'une grande atrocité. Ainsi, Baccano! fait l'économie d'explications redondantes de la part de personnages secondaires qui joueraient le rôle de commentateurs permanents (comme on en voit souvent dans les shônen). Les scènes violentes servent donc à définir la personnalité de certains personnages tout en préservant l'immersion.


Dans le même registre, nous retrouvons le personnage de Russo au quatrième épisode. Dans cette scène d'action de plusieurs minutes, le mafieux, tout de blanc vêtu, frappe un homme à mort. Ce passage, comme on peut s'y attendre, est très difficilement supportable et cela pourrait presque passer pour une preuve de sadisme de la part des auteurs de la série. Pourtant, cette scène est tout à fait justifiée car elle oppose au départ Russo seul à plusieurs hommes lourdement armés. Ainsi, le petit blond psychopathe devient en plus un redoutable combattant capable de renverser totalement les rapports de forces les plus inégaux. Ce concept prend tout son sens grâce au premier épisode qui nous apprend que ce terrible assassin finira au bord d'une voie ferrée avec une bonne partie du corps arrachée. Pour le spectateur, cela devient alors une évidence : le terrifiant Ladd Russo va finir par tomber sur plus fort que lui. L'un des principaux enjeux de l'intrigue sera donc de découvrir qui peut bien être cette personne. À chaque scène violente de Baccano!, on peut trouver sans difficulté une justification scénaristique. À chaque fois, la mise en scène est à la hauteur, toujours servie par une bande-son parfaitement adaptée. Grâce à cela, nous ressentons la même peur que les personnages et nous recevons au goutte à goutte les éléments qui nous permettrons au final de dénouer le troublant puzzle de Baccano!.


Arrivé à ce stade de mon petit exposé, j'en devine certains d'entre vous qui pensent que cette série ne sera finalement pas pour eux, qui ne se sentent pas prêts à voir une succession de scènes sanglantes portées par une ambiance angoissante. Rassurez-vous, nous parlons ici de Baccano! qui est réputée pour être l'une des séries les plus drôles des années 2000. Car oui, le plus gros point fort de ce dessin animé c'est sans conteste...




Le mélange des tons.




Dans Baccano!, la violence et l'horreur sont toujours contrebalancées par des éléments comiques. À chaque fois que le suspense atteint son paroxysme, l'un des nombreux membres du casting fait une action ridicule qui désamorce la tension de la scène. Par exemple, le scénario nous montre une attaque de wagon-restaurant menée par trois factions armées. D'un côté, les Lemures (des terroristes tout de noir vêtus) viennent armés de mitraillettes dans le but de faire une prise d'otage et de l'autre, l'un des sbires de Russo s'apprête lui aussi à passer à l'action. Cette situation nous amène alors à attendre une opposition épique au beau milieu de civils paniqués quand surgit un autre voyou, qui a le projet de piller le wagon... armé d'un simple canif. Le délinquant entre alors dans le compartiment, crie sa réplique à ses futures victimes puis se rend compte qu'il y a déjà une rixe en cours. Il observe alors un moment de silence et fait demi-tour comme si de rien n'était. L'image qui vient juste après cette scène est un cadavre immaculé de sang.


Les enchaînements de ce genre sont légion dans Baccano! et on les doit principalement au duo vedette de la série : Isaac et Miria.
Leur gamme comique est assez large et passe aussi bien par le visuel que par leurs répliques. Pour ce qui est de l'aspect visuel, ils ont l'art de commettre leurs nombreux délits vêtus de costumes ridicules. On les voit ainsi exercer leur art déguisés en indiens, en joueurs de base-ball ou bien encore en samouraïs. Cela provoque à chaque fois un décalage par rapport à la situation initiale et vient égayer une atmosphère tendue et un scénario jonché de cadavres. À côté de cela, les deux voleurs passent leur temps à effectuer des chorégraphies empruntées à la pop culture et notamment aux sentai. Comme si cela ne suffisait pas, ils agrémentent le tout de répliques hilarantes qui brisent aisément les codes du film de gangsters. Les exemples sont nombreux mais on peut se permettre de retenir leur discours sur l’héroïsme de Jacuzzi Splot sur la musique d'ouverture du Guillaume Tell de Rossini, tout en enchaînant immédiatement par une chorégraphie de vague sur fond de musique hawaïenne.


Le plus impressionnant avec ces deux personnages c'est le poids de leurs actions sur l'intrigue. Tout ce qu'ils font est totalement incongru mais finit presque toujours par avoir un rôle dans le déroulement de l'histoire. Quelque part, c'est peut-être là que repose l'essence de Baccano!, son message. Avec les figures d'Isaac et Miria, l'équipe de production nous propose une idée : celle qui dit que même les actions les plus idiotes, effectuées par les gens les plus bêtes, peuvent un jour déterminer le cours de l'histoire. Assez étonnamment, on retrouve cette idée (tout comme celle du mélange des tons) dans les deux premiers films de Guy Ritchie à savoir Arnaques, Crimes et Botanique et Snatch. Ainsi le duo formé par Isaac et Miria rappelle celui de Turkish et de Tommy et certaines scènes de Baccano! font penser à la fameuse scène de l'accident de voiture dans Snatch. À ce titre, on peut trouver sur internet plusieurs vidéos et commentaires qui permettent le rapprochement entre les deux œuvres. Cela dit, il n'y a pas vraiment de preuve quant à l'influence de l'une sur l'autre. Toutefois on ne peut pas l'exclure puisque Snatch est sorti en 2001 au Japon soit six ans avant le début de diffusion de Baccano!.



Voilà, j'en ai terminé avec cette apologie de Baccano!. J'espère vous avoir donné envie de jeter un petit coup d’œil à cette œuvre qui a vraiment une place à part dans le monde de la japanimation car elle réussit en permanence à marier virtuosité et équilibre, une série exceptionnelle qui attend encore un héritier.



Nous vous invitons à discuter de l’article sur .
 
 
Le 09-10-2014 à 23:17:29 par : Jules, Undertaker, Kaorisuzuchan, Mouaadiib, JigoKu Kokoro.

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