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Entretien avec Raphaël Hernandez, réalisateur autodidacte
Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard ont travaillé ensemble sur la réalisation d'un court-métrage alliant animation image par image et images de synthèse nommé Ratrix Hero (ndlr : voir la fiche). À travers cette interview, Raphaël Hernandez nous dévoile comment ils ont réalisé un film de grande qualité avec très peu de moyens, de quoi donner l'envie de se lancer dans l'aventure de la réalisation.



À gauche, Raphaël Hernandez plongé dans son univers



AVANT RATRIX HERO



AnimeKa : Pour commencer, pourriez-vous chacun vous présenter ? vos études ? votre parcours professionnel ?

Raphaël Hernandez : Savitri est diplômé de l'École de dessin Emile Cohl (ndlr: voir le site web) et moi je suis issu du monde de la télévision dans lequel j'occupais les fonctions de réalisateur et de chef monteur. Aujourd'hui, nous nous consacrons pleinement à notre véritable passion qui est le cinéma.


A : Comment vous êtes-vous connu ?

RH : Par amis interposés qui savaient que nous avions la même passion. Le courant est passé instantanément, j'ai alors tout de suite proposé à Savitri de travailler avec moi sur mes courts-métrages. Il s'est très vite révélé être un allié de grande valeur.


A : Qu'est-ce qui vous a incité à travailler ensemble ?

RH : Notre complémentarité, la même passion du cinéma...


A : Quels sont les réalisations précédentes de chacun ?

RH : J'ai pour ma part réalisé deux autres films de fiction : L'âme Soeur, un film de 21min à caractère fantastique sur le thème des vampires. Une première expérience très riche et très difficile, qui m'a permis de voir de quoi j'étais capable. Le résultat est à mon sens loin d'être extraordinaire, mais j'ai énormément appris. C'est sur ce film que nous avons, Savitri et moi, vraiment appris à nous connaître. Mon 2ème film s'appelle La Boîte à Musique, un film de 3min, toujours à caractère fantastique, une ambition technique moins grande au profit d'une mise en scène plus soignée. Je pense que le film est assez réussi, je le considère comme mon premier vrai film.


Images des premières réalisations de Raphaël

Savitri, lui a réalisé de nombreux petits films d'animation pour son école de dessin. Son film le plus abouti est logiquement son film de diplôme : Kouini l'aventurier et la carte du Tendre, un film dont j'avais eu pour Savitri l'idée de l'histoire. C'est l'histoire d'une souris qui part à l'aventure sur le corps d'une femme, à la recherche des secrets de cette dernière. Kouini reprend en partie les techniques de Ratrix Hero. En fait c'est en voyant ce film que j'ai pris la décision de développer davantage Ratrix, qui au départ devait être un court métrage d'animation beaucoup plus simple. La technique de l'animation image par image des figurines en pâte à modeler, est la même que celle de Ratrix. Par contre il n'y a aucune image en 3D, l'environnement à la différence de Ratrix, a été réalisé grâce à des mat-painting souvent animés à base de photographies et aussi de quelques séquences filmées. Pour rentrer dans le monde de Matrix et pour être à la hauteur de son nouveau rôle, la gentille souris devait devenir, beaucoup plus charismatique et beaucoup plus agressive. Nous en avons alors fait un rat, Ratrix Hero était né.


Kouini, le film de diplôme de Savitri


A : Quelles sont les compétences principales de chacun ?

RH : Savitri est sur ce projet principalement infographiste et réalisateur. Je suis pour ma part essentiellement scénariste, monteur et réalisateur. Mais nous sommes avant tout des autodidactes, nous sommes souvent amenés à explorer de nouveaux domaines en fonction de nos besoins.


ORGANISATION DU PROJET



A : Comment vous êtes-vous réparti les tâches ?

RH : La vision du film est la mienne. Cela comprend différentes étapes de travail comme le scénario, le storyboard et les dessins préparatoires. J'ai aussi réalisé le montage image et son du film. Savitri s'est occupé de la modélisation 3D et de l'animation des personnages en pâte à modeler.


Raphaël aux dessins préparatoires, Savitri à l'animation image par image


A : Avez-vous dû faire appel à de l'aide extérieur ?

RH : Une personne, Vincent Rosier, a réalisé le drapeau américain en 3D. La musique du film a été composée par des groupes de musiciens que nous avons démarchés, Nuebo et Tchaibom. Nous voulions des musiques qui nous appartiennent, pour ne pas avoir de problèmes de droits et surtout pour maîtriser l'identité musicale de notre film. Enfin, une autre personne, Camille De Colombel, nous a aidé à réaliser le costume de l'élu.


Camille de Colombel a réalisé le costume de l'élu, à droite, les musiciens du film


A : Combien de temps a été nécessaire à la réalisation du film ?

RH : 6 mois, (1 mois de travail pour chaque minute de film).


CHOIX TECHNIQUES



A : Pourquoi avoir choisi de mélanger stop-motion et images de synthèse ?

RH : Les films d'animations actuels se ressemblent tous plus ou moins et perdent, à mon sens, un peu de leur magie. Même si j'aime beaucoup les films Pixar (ndlr : voir la fiche) sur le plan narratif, je suis infiniment plus sensible au charme des véritables figurines de Tim Burton. Mais la forme d'un film doit être à mon avis toujours induite par le fond que vous voulez y mettre. Nous voulions, entre autre, surprendre le public avec l'arrivée d'un rat habillé comme Néo dans un univers qui pouvait sembler alors réaliste. Ratrix Hero marque les 6 premières minutes d'un film à prises de vues réelles : Kaydara. Le spectateur peut penser au début qu'il s'agit d'un vrai film, mais se retrouve alors plongé dans une sorte de cartoon moderne cyberpunk. Les personnages devaient alors s'intégrer avec les décors réalistes. La création de figurines en dur nous a donc semblé être un bon procédé à adopter.


Cars, le dernier né de Pixar et Les Noces Funèbres de Tim Burton


A : Quels outils avez-vous utilisez ? pour la création des figurines ? pour l'animation ? pour la prise de vue ? pour la modélisation des décors ? Pour la création des effets spéciaux ?

RH : Il faut savoir que nous avons aucun moyen ou très faibles pour réaliser nos films. L'idée est de réunir les talents de chacun et de travailler avec des gens passionnés pour obtenir un résultat satisfaisant. Tous les outils que nous avons utilisés sont à la portée de n'importe quel amateur.
Les figurines sont composées d'armature robotique, permettant l'animation image par image. Ces robots sont construits a l'aide de matériaux de récupération divers, le crâne de l'oiseau est par exemple une boule désodorisante. Tous ces squelettes sont alors recouverts de pâte à modeler, plus précisément de plastiline.


Différentes étapes de création d'une figurine

Pour l'animation, les figurines sont rattachées à une armature créée de toute pièce par Savitri, qui permet de les maintenir et de leur faire faire quelques mouvements. Mais chaque plan demande de nouvelles astuces de bricolage pour arriver à l'effet escompté. On utilise un appareil photo numérique grand public (5 millions de pixels) pour les prises de vue.


Savitri à la création des armatures robotiques et des figurines

La modélisation a été réalisée sur le logiciel 3DS max (ndlr: voir le site web). Pour les textures des murs, n'ayant aucune, ou très peu de références de villes américaines, nous avons utilisé des photos de vieux quartiers de Paris. Les effets spéciaux sont réalisés essentiellement grâce au logiciel After effect (ndlr : voir le site web). Ce dernier permet de donner une touche plus vivante et réaliste à la 3D et d'intégrer une infinité de détails, comme les effets de pluie, de brume, de flair etc... Nos ordinateurs ne sont pas plus puissants qu'un ordinateur familial standard. La seule chose, c'est qu'il tourne 24h sur 24 depuis plus de 2 ans pour calculer les centaines de rendus dont nous avons besoin.



INFLUENCES



A : Pourquoi avoir choisi l'univers de Matrix ?

RH : Nous sommes très respectueux du travail des frères Wachowski mais nous ne sommes pas des fans absolus de Matrix. L'idée était d'attirer l'attention en reprenant un univers culte mais de surprendre en essayant d'y faire ressortir notre propre personnalité (ce qui sera davantage vrai pour Kaydara).


Les élus respectifs de Matrix et de Ratrix Hero


A : Pourquoi l'envie d'ajouter une dose d'humour à un univers qui en était absent ?

RH : Comme je vous l'ai dit, il est important pour nous de faire ressortir notre propre personnalité et ce genre d'humour en fait sûrement partie. Réaliser un film c'est avant tout avoir un point de vue personnel. Pour raconter l'histoire de Kaydara nous avions besoin d'une dose d'humour à ce niveau du film, celle-ci sert le sujet de notre film. Je ne me pose alors aucune question quant au contre sens éventuel que je peux faire avec l'univers des frères Wachowski. L'important est de raconter sa propre histoire, j'essaye de déteindre sur leur monde et je m'efforce que ça ne soit pas l'inverse.


A : D'où est venu l'idée de ces personnages ?

RH : Je pense que Néo c'est un peu moi et que l'oiseau, c'est un peu Savitri (rire). Mais c'est sûrement un peu vrai, tous les personnages qu'on crée sont toujours une projection d'une partie plus ou moins voilée de nous même. Je ne dis pas que je suis un super héros, mais je sais que cette mythologie relève en moi une certaine émotion et je me sens capable de la restituer dans mon personnage. Et puis il y a la nostalgie de l'enfance, mon héros préféré quand j'étais jeune était Superman, le dépassement du train par l'élu est d'ailleurs un clin d'œil au film Superman de Richard Donner. Même si je n'ai pas créé le personnage de Néo, c'est bien moi qui lui donne son âme dans cet épisode. Pour ce qui est de l'oiseau, il a l'humour et la coupe de Savitri (rire).


Superman, source d'inspiration pour Ratrix



AUTOUR DU FILM



A : Combien a coûté la réalisation du film ?

RH : Difficile à dire... Un peu de pâte à modeler, un peu de tissu, du courant électrique... Tout ça n'est pas très cher... C'est la main d'œuvre qui coûte de l'argent, mais dans cette entreprise nous sommes tous bénévoles !


A : Quels bénéfices en avez-vous tirez ?

RH : L'expérience, et une crédibilité auprès des professionnels...


A : Avez-vous présenté votre film dans certains festivals ?

RH : Le film a été sélectionné dans un dizaine de festivals, dont certains se trouvent à l'étranger (au Japon notamment, dernièrement à Venise), ce qui est encourageant pour un film comme le nôtre qui n'est ni un film produit ni un film d'école.


Ratrix présenté dans des festivals internationaux


A : Comment avez-vous fait pour que le court-métrage se retrouve diffusé sur TPS ?

RH : Je m'emploie à démarcher un peu partout pour que notre film soit vu par un maximum de gens. J'avais envoyé Ratrix au Festival d'Annecy qui ne l'a pas retenu. Mais j'ai reçu de la part du festival une liste de contacts de professionnels qui avaient quand même vu le film. Un responsable de TPS en faisait partie. Je l'ai donc contacté par mail, lui disant que je recherchais des diffuseurs. TPS était alors partenaire du Festival d'Annecy et recherchait des court-métrages d'animation à diffuser durant le mois du festival. Le responsable m'a alors rappelé quelques jours plus tard pour me proposer d'acheter les droits de diffusion du film.


A : À qui doit-on la réalisation du site internet du film ?

RH : À Savitri et moi ! Mais cette fois on a un peu inverser les tâches, je me suis occupé de la partie programmation du site et Savitri d'avantage de la partie artistique. Je n'y connaissais rien à la construction d'un site Internet, j'ai donc dû passer quelques nuits blanches à bidouiller sur mon ordinateur et à dénicher toutes les infos dont j'avais besoin sur Internet pour parvenir à mes fins. Savitri disait : « ça serait cool de pouvoir faire ça... » et je lui répondais « ok j'vais essayer de trouver une solution... ».



APRES RATRIX HERO



A : Pouvez-vous présenter votre prochaine réalisation ?

RH : Notre prochaine réalisation s'appelle donc Kaydara. C'est un film à prises de vues réelles de 50 minutes. C'est toujours la même philosophie : faire un film personnel et crédible en utilisant un univers que nous n'avons pas créé. Kaydara est un projet de longue haleine puisque nous travaillons dessus depuis près de 3 ans. Je suis le seul réalisateur du film mais Savitri n'en reste pas moins un des piliers majeurs de l'entreprise. Il interprète d'ailleurs un des personnages important du film. Kaydara est un projet bien plus colossal que Ratrix, nous avons vu grand : combats d'art martiaux, vaisseaux spatiaux, effets pyrotechniques etc... Tous les ingrédients d'une vraie production mais dans un cadre amateur, d'où une très grande difficulté et beaucoup de temps et d'énergie investis pour arriver à nos fins.


Les premières images de Kaydara


A : Quand devrait-elle être terminée ?

RH : On espère début 2007 !!


A : Pourquoi avoir abandonné l'animation au profit de la prise de vue réelle ?

RH : C'est plutôt l'inverse car le chantier de Kaydara a démarré bien avant celui de Ratrix. De toute façon ce sont deux univers intimement liés. Le cinéma fantastique est truffé d'effets spéciaux, et utilise les techniques des films d'animation, que ce soit de l'animation image par image pour les films plus anciens ou l'image de synthèse pour les films les plus récents. Nous même, par exemple, construisons des maquettes de vaisseaux en dur, que nous animons et faisons ensuite évoluer dans des décors en images de synthèse, même procédé que Ratrix, mais cette fois-ci pour Kaydara. Enfin, notons que Ratrix Hero n'est qu'une pièce du puzzle Kaydara, et qu'il faudra voir le film en entier pour qu'il prenne enfin sa véritable dimension. Ces deux films n'en formeront alors plus qu'un seul !


A : Comment distribuerez-vous ce film ? en salle ? gratuitement sur internet ?

RH : Normalement le film est prévu pour être diffusé gratuitement sur Internet, à moins que Warner Bros décide de nous l'acheter avant (rire) !
Le 20-08-2006 à 16:16:19 par : RorolePro et Raphaël Hernandez

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